Critique de Jean-Remi Barland parue sur le site internet du journal "La Provence" suite à la représentation de "Oui" au Théâtre de l'Atelier 44 à Avignon le 27 juillet 2015

 

C’est une pièce terrible et magnifique qui prend à la gorge tout en faisant réfléchir sur la nature humaine. Un de ces textes forts basé sur l’affrontement de deux personnages que le mauvais sort a monté l’un contre l’autre et que la grandeur d’âme va tenter de réunir. Tout oppose bien sûr ce juif et ce S.A. qui, condamnés à mort, vivent leur dernière nuit dans ce camp allemand.

Nous sommes en 1944, le régime nazi commence à laisser entrevoir des lézardes, semble devoir se pourrir de l’intérieur, se fissure en longues incohérences violentes dans lesquelles s’engouffrent ceux qui proposent aux deux prisonniers un marché cruel : tuer l’autre pour avoir la vie sauve. Mais rien ne se passera comme prévu ! Sur un scénario qui n’est pas sans rappeler « Le choix de Sophie » de William Styron « Oui » de Gabriel Arout, admirablement mis en scène et joué avec une sobre perfection, est une leçon d’humanité, une fable sur le courage et la compassion. Un hymne à l’entraide et à la fraternité.

Critique de Nadim Adra parue sur le site www.regarts.org suite à la représentation de "Oui" au Théâtre de l'Atelier 44 à Avignon le 13 juillet 2015

 

1944 . Au fin fond d’un cachot, une cynique et barbare mise en scène est organisée par des nazis. Leur but : se distraire et satisfaire une jouissance obscène avec une nuit de la mort.

Un ancien S.A., sans doute rescapé de « la nuit de longs couteaux » croupit en prison depuis une dizaine d’années. Un juif, probablement victime d’une rafle le rejoint et vient troubler sa solitude.

La geôle se transforme alors en arène : le premier personnage se montre agressif comme un fauve habitué à la mort, le second semble un homme ordinaire et pacifique.

Dans un coin de la pièce, traîne « par pur hasard» un couteau..
Le survivant sera libéré ont promis les geôliers. À ce prix, le spectacle devrait être prometteur !

La nature de l’homme est complexe. Oui, combat il y aura mais pas celui attendu. Ce dernier sera très féroce, sans vainqueur, seule la force de vie triomphera au delà du bien et du mal.

Une brume sombre et humide pour tout décor. On y devine deux formes humaines, des formes qui prennent corps et visage pour s'évanouir à nouveau.

Une mise en scène (Kader Roubahie) sobre et efficace. Le spectacle est rythmé par la tension enfiévrée de deux magnifiques comédiens (Ernaut Vvien et Joël Abadie vu dans le très beau spectacle « Dreyfus L'Amour pour résister ») et par la sonorité de gouttes d'eau qui suintent du plafond. Tout en rapprochant les deux hommes, le tic tac de ce goutte à goutte infernal les conduit inexorablement vers la mort.

Pour percer l'épaisseur de cette nuit et, derrière l'horreur, trouver une trace d'humanité, il nous faut l’œil averti d'un Gabriel Arout.

Témoin des années noires du nazisme, ce grand dramaturge nous a légué un texte particulièrement poignant.

Nadim Adra